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3 décembre 2005 6 03 /12 /décembre /2005 10:56

J comme Jument

 

 

Si le cheval est le meilleur ami de l’homme, la jument est-elle la meilleure amie de la femme ? Si oui, le chocolat poulain serait l’ami du petit déjeuner alors que la place est occupée depuis fort longtemps par la Ricoré. Il faut donc se méfier des idées préconçues, engendrées par une logique aussi improbable qu’incertaine : ce n’est pas parce qu’il sciait que Léonard devint scie ;  un pinailleur ne commet pas obligatoirement l’adultère ; un presbyte concupiscent qui suppute où il habite n’est pas forcément un grossier personnage. En revanche, quand la jument prend son pied avec l’étalon, une certaine logique est respectée et je vous donne rendez-vous au paragraphe suivant.

 

 

Il existe deux sortes de personnes qui aiment le cheval. La première catégorie (minoritaire), à laquelle j’appartiens, le préfère haché cru avec des câpres et de la worcestershire. Les autres adulent ou déifient le canasson, alors qu’il est largement aussi con que tous les autres animaux… Il y en a même qui murmurent à l’orteil des chevaux : vous avez déjà vu des orteils sur un sabot ? Et les cuistres qui vous reprennent dédaigneusement lorsque vous désignez les membres de cette espèce d’ongulé par le mot « patte » à la place du mot « jambe », alors qu’une fois désossée et découpée, rien ne différencie la macreuse de cheval de la macreuse de bœuf ! La fatuité des adorateurs du bourrin est profondément ridicule : à quand une statue équestre de Joliot-écurie ?

 

 

Le cheval est un mammifère simple, un brin malicieux, voire facétieux, aimant les anagrammes : avec presque toutes les lettres du mot « cheval » on construit le mot « vache ». Ces deux animaux sont pourtant bien différents, car si la vache est un animal de traite, le cheval n’est pas toujours un animal de trait. Comme pour les autres espèces, la femelle est donc moins imaginative et le mot « jument » n’a pas d’anagramme, même en esperanto ou en langage des signes. (Au passage, j’aimerais savoir si on considère comme bègue un sourd parkinsonien qui s’exprime avec ses mains).

 

 

Créer et procréer sont donc deux activités foncièrement différentes ; il est bon de le rappeler régulièrement à l’époque du politiquement correct, doublé d’un égalitarisme forcené. D’ailleurs, je ne croirai à l’égalité des sexes que lorsque le mâle disposera de la même place que la femelle dans la penderie conjugale pour ranger ses vêtements.

 

 

Michel Tournon

 

 

 

 

 

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