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12 novembre 2005 6 12 /11 /novembre /2005 00:00
G comme Grenouille
 
Curieux animal s’il en est, du moins lorsque l’on observe la place qu’elle occupe chez l’homme : d’une part on la dissèque dans les labos, on la consomme dans les restaurants, d’autre part, il suffit de la bécoter pour faire apparaître Le Prince charmant. Pourquoi, dans ce prince, est-ce une grenouille qui sommeille, alors que chez moi, c’est un cochon ? Qui a décidé de l’attribution des lits dans ce foutu dortoir ? Cet arbitraire est révoltant, d’autant que ledit cochon qui sommeille ronfle fréquemment et m’empêche de dormir.
 
C’est bien connu, la grenouille coasse, le corbeau croasse et le serbo croate. Le cas du corbeau freux est particulièrement intéressant car il alimente la sagesse populaire, notamment dans les campagnes où on l’utilise dans les engrais, d’où le vieil adage : «  Il n’y a pas de fumier sans freux ». Mais ne nous laissons pas distraire par le freux, qui est parfois sale et méchant et revenons à notre batracien.
 
Bien qu’elle porte un nom féminin, la grenouille peut être un mâle. Bien sûr, vu de loin, pas de différence notable. Pourtant, si son livret de famille indique : « Madame Grenouille née Nuphar », on a affaire à une femelle. Quelle belle manière de battre en brèche l’éternelle fourberie féminine ! Attention : les « née Vropathe » sont aussi des femelles, plus chafouines que les autres…
 
La grenouille se reproduit en pondant des œufs qui deviennent têtards. Et même les prématurés arrivent têtards, parfois dans la soirée. Cette anomalie biologique fait bien rire les chercheurs. Ces rires sont d’une cruauté sans nom, lorsque l’on connaît l’extrême fragilité de ces petites bêtes, qui, sous l’effet du moindre choc, risquent de devenir têtards plégiques. Et non seulement les fauteuils de paralytique ne sont pas adaptés au milieu aqueux, mais qui va payer la rééducation ? Sans parler de la tête de la princesse, après le bisou, voyant son prince charmant apparaître dans une chaise à roulettes ! Au mieux, si elle est bigleuse, elle peut confondre avec un skate board, mais il m’étonnerait fort que la méprise résiste à l’usure du temps.
Ce monde est décidément bien cruel.
 
Michel Tournon
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